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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 09:36

 

euro-cassc3a9.jpg

 

Suite à la diffusion du documentaire debtocracy le week-end dernier à la médiathèque de Forbach, j'ai pu constater combien l'inquiétude au sujet de l'état de santé des banques était grandissante.

 

RL-02-10-11.jpg

 

[ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

 

J'ai pour habitude de ne pas employer la langue de bois lorsque j'explique l'économie, quitte à ne pas me faire que des amis... Mais à mon sens, un citoyen averti et éduqué est un citoyen capable de réfléchir par lui-même à la situation économique actuelle, ce qui lui permettra de débattre et de saisir les tenants et aboutissants des propositions faites par les politiques de tous bords.

 

Résumons-nous au sujet de la crise dans la zone euro :

 

* la Grèce est dans une situation insoutenable aux niveaux politique, économique et social. Des représentants de la troïka (FMI, BCE et UE) se sont rendus vendredi dernier dans le pays pour mesurer la progression dans l'application du plan d'austérité. Cela faisait suite à la suspension de mission décidée le 2 septembre face aux retards dans le redressement budgétaire de la Grèce. N'oublions pas que ce qui est en "jeu" pour l'État grec est le versement de la nouvelle tranche de 8 milliards d'euros du prêt de 110 milliards mis en place en mai 2010. Cela démontre au passage que la Grèce n'est plus un État autonome, mais qu'il est désormais piloté par les institutions supranationales comme le FMI... Résultat des courses : multiplication des mesures de rigueur pour les classes moyennes (coupes dans les pensions, réduction de salaires, chômage technique, etc.), multiplication des grèves (taxis, transports en commun,...), aggravation de la pauvreté !

 

* les États membres de la zone euro sont loin d'avoir tous le même empressement que la France à voter le plan de soutien à la Grèce. Ainsi, après le feuilleton du Bundestag, voici que la Slovaquie commence à se faire prier ! Il est vrai que le constat posé par le ministre des finances slovaque est pertinent : pourquoi injecter des fonds dans l'État grec, sachant que cela ne sauvera ni le pays de la cessation de paiement ni la zone euro d'une contagion. C'est donc bien d'un défaut coordonné de la Grèce dont on devrait actuellement parler, et non d'un plan d'aide qui de toute façon a pour contrepartie une austérité insoutenable.

 

* en attendant, les banques françaises continuent de souffrir suite à leur exposition aux titres grecs, mais la France traîne les pieds pour mettre en place un plan concerté d'aide au système bancaire européen. Pourtant, même les ultralibéraux de la Commission européenne réclament un tel plan, depuis que la probabilité d'un défaut massif de la Grèce est entrée dans la zone rouge du très probable ! Les risques de contagion à l'Italie achèveraient alors les banques européennes les plus fragiles... De leur côté, BNP Paribas, la Société générale, et le Crédit agricole, ont décidé de renforcer leurs fonds propres par des cessions d'actifs et des réductions du total du bilan, ce qui signifie que ces banques prêteront encore moins à l'économie réelle dans les mois à venir. Gageons qu'elles n'oublierons pas de continuer à spéculer sur les dettes des États pour s'enrichir par ailleurs...

 

Bref, un panorama qui devrait faire comprendre à nos dirigeants politiques que la solution à la crise de la zone euro ne se trouve pas dans l'austérité, qui ne sert du reste qu'à calmer les marchés financiers et à conserver un AAA chez S&P, mais dans le soutien à la croissance ! Malheureusement, les leçons du passé n'ont pas été retenues et l'idéologie prime toujours encore sur le réalisme. Sinon, comment pourrait-on expliquer qu'un cerveau humain normal puisse raisonnablement bâtir ce que certains ont appelé "le plan secret pour sauver la Grèce", qui consiste à privatiser l'ensemble des actifs publics (banques, immobilier, téléphonie, ports...) de la Grèce pour faire diminuer le taux d'endettement public ?


 

N.B 1 : ce vendredi 7 octobre, j'animerai une conférence dans le cadre de l'Université du Temps Libre de Metz, à l'amphithéâtre Reitel (Ile du Saulcy). Le sujet retenu est un brin provocateur comme à mon habitude : "la zone euro peut-elle survivre à la crise ?". Début des hostilités à 15h30 !

 

N.B 2 : si d'aventure vous vous sentiez l'âme d'un ministre du budget, n'hésitez pas à tester vos capacités à piloter le budget de l'État français sur le site du Figaro. Il semblerait que la politique (et en particulier la politique économique) ait été ravalée au rang de simple jeu ces dernières années... mais pas pour ceux qui la subisse !


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commentaires

J
<br /> En complément sur DEXIA, 2 remarques:<br /> <br /> 1) DEXIA est plutôt la dernière victime de la crise des subprimes que la 1ère de la crise financière actuelle.<br /> 2) DEXIA avait passé avec succès (sauf erreur de ma part?) les crash-tests des banques euripéennes avec notamment un ratio de couverture des fonds propres "durs" de 11,5% pour une norme fixée à<br /> 8,5% qui n'a pourtant convaincu personne sur les marchés financiers.<br /> <br /> Ou comment la réalité finit toujours par nous rattraper!<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> 1) Exact : la frontière entre la crise financière et la crise bancaire n'est pas étanche.<br /> <br /> <br /> 2) Dexia a en effet réussi les stress-tests avec succès, ce qui démontre, comme je le répète souvent, que le niveau du Core Tier 1 est loin d'être l'indicateur miracle qu'on a souhaité nous<br /> vendre au niveau de l'Autorité bancaire euroépenne. Souvenez-vous au reste de mon billet consacré à ces tests, où j'expliquais notamment que la méthodologie posait déjà problème...<br /> <br /> <br /> Conclusion : brassage de vent à la BCE, usage d'encre dans les médias pour nous rassurer sur la bonne santé des banques, et catastrophe à l'arrivée !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Et entretemps la note de l'Italie vient d'être à nouveau abaissée malgré les gesticulations berlusconiennes, Dexia a explosé et correspond potentiellement pour la France à un sinistre (en gros) 3<br /> fois gros comme le Crédit Lyonnais en son temps....<br /> <br /> La "bad bank" qui va être créée pour "camoufler" le sinistre permettra un bel exercice de langue de bois à M. Baroin et Mme Pécresse, mais probablement pas bien longtemps....<br /> <br /> Contribuables, à vos portefeuilles!!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Lors de mon intervention à la médiathèque, je disais au public que Dexia est une banque zombie qui fait face à une grave crise de liquidité, ce qui débouchera<br /> comme toujours sur un sauvetage... public ! La facture restera donc sur le compte des con-tribuables ! Triste réalité, où le coût du risque est payé par l'immense majorité au profit d'une<br /> minorité qui récupère bonus et parachutes dorés...<br /> <br /> <br /> <br />

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