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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 11:23

 

 

Après avoir nommé un ancien banquier d'affaire de chez Rothschild à la tête du ministère de l'économie, voici que le gouvernement socialiste se sent obligé de transformer l'essai (coupe du monde de rugby oblige...), en choisissant François Villeroy de Galhau, ancien directeur général délégué de BNP Paribas, pour le poste de gouverneur de la Banque de France... Il y remplacera Christian Noyer, qui s'était signalé par un rejet marqué d'une réforme bancaire d'envergure, en particulier d'une véritable loi de séparation des banques commerciales et d'investissement.

 

Mon ennemi c'est la finance

 

Souvenez-vous, c'était en janvier 2012 au Bourget :

 

 

Que s'est-il donc passé en deux ans ? D'après cet article de Libération, c'est "l'histoire d'un renoncement sémantique" qui passe par différentes phases, depuis "la finance est essentielle à l'économie" (Moscovici en 2013) à "nous avons besoin de la finance" (Valls en 2014) en passant par la vérité médicale de feu docteur Montebourg "la finance c'est comme le cholestérol. Il y a la bonne et la mauvaise".

 

C'est surtout l'histoire d'un gouvernement qui écrase ses promesses avec les talons lorsque Michel Sapin déclare, aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence le 6 juillet 2014 : "notre amie c'est la finance, la bonne finance" !

 

Le vrai problème, que le gouvernement ne semble pas avoir compris, n'est pas tant celui de la finance que de la financiarisation à outrance de l'économie ! Cette hypertrophie de la finance est du reste une réalité quantifiable : les volumes de transaction sur produits dérivés sont devenus très dangereux et ne correspondent plus uniquement à des logiques de couverture de risques.

 

Le potentiel conflit d'intérêts

 

Disons-le d'emblée : personne ne remet en cause les connaissances et compétences de François Villeroy de Galhau. X, ENA et inspection des finances, il a notamment été directeur de cabinet de DSK de 1997 à 1999 au ministère de l'Économie et des Finances, puis directeur général des impôts de 2000 à 2003. Mais ce sont les 12 années passées chez BNP Paribas qui posent un réel problème.

 

En effet, quand bien même François Villeroy de Galhau a fourni une liste de Noël pleine d'engagements pour prouver sa bonne foi (renonciation à sa rémunération différée de la part de BNP Paribas et à toutes ses actions, promesse de ne participer à aucune décision concernant son ancienne banque, etc.), les enjeux sont suffisamment importants pour qu'un conflit d'intérêt implicite subsiste. En effet, étant issu du milieu bancaire où il a tissé des liens professionnels aussi nombreux que forts, peut-on vraiment croire qu'il sera en mesure d'imposer de manière impartiale une réglementation et une surveillance strictes aux banques ?

 

Poser la question, c'est y répondre. Voilà pourquoi un collectif de 150 économistes a signé une tribune dans Le Monde pour demander aux parlementaires de s'opposer à cette nomination, eu égard au risque important de conflits d'intérêt qu'elle va soulever. Faut-il du reste rappeler que le gouverneur de la Banque de France préside aussi l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et siège au Haut Conseil de stabilité financière ? A ce stade, si vous aviez encore des doutes sur l'éventualité d'un conflit d'intérêts, vous voilà informé !

 

Le meilleur d'entre nous

 

Alors bien sûr, comme sa potentielle nomination à la Banque de France avait soulevé les foules l'an dernier, le gouvernement a laissé passer de l'eau sous le pont Mirabeau et lui a proposé de ronger son frein tout en rédigeant un rapport inutile sur le financement de l'investissement. Bref, le gouvernement a mis en pratique le célèbre adage politique "ce qui ne s'est pas fait aujourd'hui, se fera demain puisque le peuple oublie vite", tout en ne manquant pas une occasion de multiplier les déclarations dithyrambiques à l'adresse de François Villeroy de Galhau.

 

Cela ne manque pas de laisser songeur, au point de se demander si les énarques qui cooptent d'autres énarques demeure la règle implicite de toute nomination importante en France. Dans ce cas, on pourrait faire une splendide analyse de cette technostructure en termes de classe en soi et de classe pour soi. Mais certains finiraient alors par croire que je suis marxiste, surtout après le titre de mon précédent billet...

 

Pourtant, il eût été tellement plus simple pour le gouvernement de proposer un autre candidat très qualifié, comme par exemple Benoît Coeuré, X, ENSAE et actuel membre du directoire de la BCE. La démocratie exige en effet que le soupçon de conflits d'intérêts disqualifie irrévocablement tout candidat à un poste aussi important et exposé que celui de gouverneur de la Banque de France. Pour un peu, le gouvernement nous affirmerait même que le passage à la tête d'une banque privée fait de François Villeroy de Galhau une personne encore plus qualifiée pour ce poste, conformément à la novlangue d'Orwell... Bienvenue en Océania euro-technocratique !

 

Bien entendu, on ne manquera pas de rappeler que bien d'autres banquiers centraux sont issus du monde de la banque, comme Mario Draghi (Government Goldman Sachs). Mais est-ce une raison pour faire les mêmes bêtises en France, sachant que BNP n'a du reste pas particulièrement brillé par sa probité ces dernières années ?

 

Quant à l'argument selon lequel le rôle de la Banque de France est désormais très limité, puisque la réalité du pouvoir monétaire est entre les mains de la BCE, je ne peux que répéter ce que j'ai déjà écrit plus haut, à savoir qu'en tant que membre du directoire de la BCE le gouverneur de la Banque de France participe à la prise de décisions et à la surveillance du système bancaire. 

 

En définitive, ce nouvel épisode de la série promesses-non-tenues, nous permet d'inférer désormais avec certitude que la finance est bien l'amie autant de ce gouvernement que du précédent... ce qui laisse hélas grand ouvert la porte pour toutes les formes d'extrémismes et de populismes !

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