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21 novembre 2015 6 21 /11 /novembre /2015 12:24

 

 

Après l'émotion légitime suscitée par les attentats de Paris, il est désormais nécessaire de prendre un peu de champ pour analyser la situation actuelle et en tirer toutes les leçons. Certes, la question semble de prime abord échapper au domaine de l'économie - ce qui est loin d'être vrai comme nous le verrons plus loin -, et l'on se demande donc pourquoi l'économiste que je suis s'en saisit.

 

C'est qu'avant d'être économiste, je suis d'abord citoyen français, et que faire vivre la République c'est aussi participer au débat, conformément à l'article 2 de la Constitution de 1958 qui dispose : "La langue de la République est le français. L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est "la Marseillaise". La devise de la République est "Liberté, Égalité, Fraternité". Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple".

 

Dès lors, n'en déplaise à Madame le ministre de l'Éducation Nationale, les pseudo-intellectuels ont devoir de s'exprimer et d'apporter leur pierre cimentée à un édifice national qui s'effrite hélas tous les jours un peu plus, sous les yeux écarquillés des bien-pensants, qui continuent à nous interdire de questionner les sujets les plus importants pour notre société, sous prétexte que le FN s'en est saisi.

 

Or, une telle attitude, outre qu'elle soit proprement antirépublicaine en ce qu'elle muselle la réflexion argumentée et de bonne foi pourtant indispensable à la bonne marche de la République, conduit l'État à l'inaction au moment où jamais on n'a autant attendu de lui. Il en va ainsi des questions politiques, économiques et sociales, comme le prouvent les réactions parfois violentes que m'ont values mes billets sur la folie des plans d'austérité ou sur la sortie de l'Euro, en faveur de laquelle je me suis prononcé clairement.

 

Pour le dire simplement, les commentaires les plus virulents sont souvent aussi les moins fondés sur le plan de l'argumentation, oscillant entre accusation de faire le lit du Front national (avec souvent point Godwin) et croyance béate en un monde qui convergerait naturellement vers son optimum, pour peu que l'on passe sous silence les problèmes qui pourraient rompre l'illusion d'une société française harmonieuse. Pourtant, comme l'écrivait Alexandre Dumas, "ce sont les illusions qui rendent les douleurs amères et inguérissables".

 

Après ces longs prolégomènes, venons-en à notre sujet. Je vais tenter dans ce billet de démontrer, en cinq temps, l'inconsistance de la politique française de lutte contre le terrorisme, telle qu'elle est menée depuis l'engagement américain en Irak, en 2001. Pour ce faire, j'utiliserai vidéos et liens afin que vous puissiez élargir votre réflexion sur les points qui vous sembleront importants.

 

1) Les mots ont perdu leur sens

 

George W. Bush et ses faucons néoconservateurs parlaient alternativement de "croisade contre le terrorisme", de "combat mondial contre l'extrémisme violent", de "guerre contre le terrorisme" ou de "guerre contre la terreur". En définitive, autant d'expressions vides de sens mais ô combien chargées émotionnellement, donc à même de provoquer chez les individus les moins protégés contre ce terrorisme intellectuel des réactions elles-mêmes violentes, mais surtout conformes à un agenda politique... Cela fait inévitablement penser à la novlangue d'Orwell et à ce régime totalitaire appelé Océania ! Noam Chomsky, l'auteur de la fabrication du consentement, n'affirmait-il pas avec justesse que "la propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures" ?

 

Au reste, il me semble que durant tout le week-end qui a suivi les attentats, les membres de l'exécutif répétaient en boucle que "la France est en guerre" et que "l'ennemi c'est Daech", non ? Ne comprennent-ils pas que faire la guerre à un État qui n'existe pas revient de facto à lui donner vie légale, ce que recherchent précisément les dirigeants de Daech ? De plus, le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, est-il moins dangereux que Daech au point de faire dire à Laurent Fabius en décembre 2012, que "le Front al-Nosra fait du bon boulot" ?

 

De plus, "faire la guerre contre le terrorisme" n'a strictement aucun sens, si ce n'est d'entretenir la fable que l'ennemi est localisé dans un coin retiré de la Syrie et que sa destruction est à notre portée. En dernier ressort, cela sert essentiellement à justifier a posteriori les frappes préventives de la France en Syrie depuis quelques semaines, alors même qu'elles sont à la limite de la légalité et qu'elles ont conduit au piètre résultat que l'on sait.

 

2) Les États-Unis n'hésitent pas à financer le terrorisme islamiste lorsque cela les arrange

 

Yves Bonnet, ancien patron de la DST, expliquait lors d'une intervention dans une émission télévisée, en 2012, que la stratégie américaine a consisté à détruire tous les régimes arabes laïcs, au point, je cite, que "ce sont quand même les Américains qui ont fabriqué Al Qaeda, je suis désolé, c’est là un fait qui n’est plus contesté par personne…". Voici cette vidéo :

 

 

Vous noterez également que l'ancien préfet n'hésite pas à citer nommément les financeurs des propagandes salafistes, notamment en France : l’Arabie Saoudite et le Qatar.

 

3) Le gouvernement français (se) ment concernant l'influence de l'Arabie Saoudite et du Qatar sur ces questions

 

Bien entendu, au vu des contrats financiers que la France cherche à se ménager avec ces pays pour l'avenir, le Premier ministre s'est senti obligé de dédouaner de manière pathétique ces deux États :

 

 

Quant à l'ex-juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris, Marc Trevidic, ses propos concernant l'Arabie Saoudite, recueillis dans les Échos, valent leur pesant d'or : "Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme. Les attentats de Paris en sont l’un des résultats".

 

Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, a lui aussi confirmé, dans un entretien accordé à Mediapart, que les "sponsors idéologiques et financiers du terrorisme" sont à chercher du côté des pétromonarchies du Golfe. J'ajouterai pour ma part, que la Turquie joue également un rôle bien trouble, puisque son objectif prioritaire semble surtout être d'éliminer l'opposition kurde...

 

Quoi qu'il en soit, les beaux discours de compassion et de condoléances récités par l'Arabie Saoudite (notamment), témoigne d'une duplicité quasi-schizophrénique lorsqu'on sait que la forme la plus radicale (puritaine ?) de l'islam sunnite a statut de religion d'État dans ce pays. En termes plus sociologiques, on pourrait dire que le wahhabisme impose sa grammaire aux espaces sociaux d'Arabie Saoudite, afin d'assurer à défaut de stabilité la légitimité de la famille au pouvoir.

 

4) La diplomatie française n'est pas à la hauteur

 

Depuis la campagne de guerre de Nicolas Sarkozy, orchestrée par BHL, pour faire tomber Kadhafi, jusqu'à Laurent Fabius et son "ni Bachar, ni Daech", on constate à l'évidence que la diplomatie française n'est plus cette grande dame capable de prendre de la hauteur dans les négociations, afin d'éviter les opérations belliqueuses qui n'apportent, en général, aucune solution à long terme.

 

Bien au contraire, les opérations militaires hasardeuses, menées au nom de valeurs morales supérieures proches du "ciel des idées" platonicien, débouchent le plus souvent sur des catastrophes humaines, comme en témoignent l'afflux massif de réfugiés depuis le début de l'année et les atermoiements d'une Union européenne visiblement dépassée par la question... Quant à savoir si Daech a infiltré les longues files de migrants, des éléments de réponse sont donnés dans cet article, qui fait notamment référence à une déclaration inquiétante de l’agence de coopération judiciaire européenne Eurojust.

 

Pire, selon Slate.fr, la France a violé un embargo européen en livrant, dès 2012, des armes à des groupes rebelles syriens. Bien entendu, il a été impossible de vérifier si celles-ci sont arrivées dans les bonnes mains (sic !), d'où les nombreuses photos de combattants islamistes avec des lance-roquettes Apilas ou des missiles Milan... français ! Le but affiché de ces livraisons d'armes était de soutenir des islamistes modérés pour faire tomber Bachar Al-Assad. Résultat de l'opération : la France doit désormais négocier avec la Russie qu'elle a tant dénigrée et avec Bachar Al-Assad, qui nous fait même la leçon. Une réussite en somme...

 

5) Le refus d'avoir des contacts avec les services syriens, un scandale d'État

 

Les bons sentiments moraux ne font pas une bonne diplomatie internationale. C'est regrettable, mais c'est vrai. C'est ce que démontrent les propos de Bernard Squarcini, ancien directeur de la DCRI, qui a accordé un entretien à Valeurs Actuelles où il explique que les services syriens lui ont proposé, il y a deux ans, une liste des Français qui combattent en Syrie. Et pour des raisons idéologiques, Manuel Valls l'a refusée !

 

Ces propos corroborent ceux d'Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, qui, dans une entrevue avec Mediapart affirme que "la France a rompu tous les liens de la DGSE avec les services syriens". Il rappelle ensuite que "les services secrets sont faits pour dîner avec le diable, sinon ils ne servent à rien", d'autant plus que la porosité des frontières de l’espace Schengen facilite la tâche des terroristes islamistes, qui savent très bien que la coordination des services en Europe est défaillante. C'est l'évidence, et pourtant le gouvernement français a préféré lutter en aveugle contre une telle menace. Et comme on ne change pas une stratégie qui perd, le ministre de la défense vient d'annoncer qu'il n'était pas à l'ordre du jour de reprendre contact avec les services syriens...

 

 

En définitive, il importe que la France arrête de mettre ses pas dans la politique américaine de "guerre contre le terrorisme", dont le seul résultat fut de créer Al-Qaïda et Daech, et qui ne s'attaque pas aux causes mais seulement à l'effet produit. Mais surtout, la petite démonstration à laquelle je me suis livrée ci-dessus, devrait donner à réfléchir aux partisans d'une Union européenne toujours plus libéralisée, donc sans frontières, qui priverait encore plus les États-nations de leurs prérogatives souveraines au moment où ils en ont le plus besoin.

 

Mais quoi qu'il en soit, prenons garde de ne pas tout mélanger (Islam/islamisme...) et aussi de ne pas multiplier inconsidérément les lois d'exception, qui nous feraient sombrer par nous-mêmes dans la terreur que nous cherchons à combattre !

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