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7 août 2018 2 07 /08 /août /2018 13:08

 

 

Dans un précédent billet, j'avais détaillé par le menu la politique économique suivie par Donald Trump. J'ai souhaité poursuivre dans la veine de l'économie internationale, en expliquant brièvement quelques fondements de la discipline au travers d'un exemple parlant (criant ?) : le prix du nouveau maillot de l'équipe de France de football.

 

L'ancien maillot de l'équipe de France

 

Il suffit de visiter le site web de la fédération française de football, pour y découvrir ledit ancien maillot à 84,90 euros qui fait la fortune de Nike :

Pince-sans-rire, on nous explique sur ce site que le maillot est "doté des dernières technologies Nike" et qu'il "conviendra aussi bien aux supporters qu’aux pratiquants de football". Traduction : le maillot est en polyester amélioré et pourra même être porté par les supporters du dimanche confortablement assis devant leur téléviseur ou leur console de jeux vidéo, et qui iront ensuite vider la batterie de leur voiture en klaxonnant dans les rues en s’imaginant avoir contribué à la victoire.

 

Mais quel rapport avec le commerce international ? Le lecteur me voit venir : ce maillot est fabriqué à un coût très bas essentiellement en Asie... D'où l'occasion pour moi de vous présenter la théorie du commerce internationale développée par un grand économiste britannique, David Ricardo.

 

Le commerce international selon Ricardo

 

Comme je l'explique dans mon nouveau livre, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'économie ! (éditions Ellipses), le libre-échange est vu par certains économistes comme le moyen d’aboutir à un optimum et se définit par la célèbre formule de Vincent de Gournay (1712-1759) : « laissez faire, laissez passer ».

 

Pour Adam Smith (1723-1790), chaque pays aurait intérêt à se spécialiser dans la ou les productions où il possède un avantage absolu en matière de productivité et à importer les produits qui seraient trop coûteux en temps de fabriquer soi-même. On appelle cette spécialisation la théorie des avantages absolus. Malheureusement, si un pays n’a aucun avantage absolu, alors il lui est impossible de participer au commerce international. C’est pourquoi, David Ricardo (1772-1823) développera une autre théorie, basée sur les avantages comparatifs, sur laquelle s’appuient encore aujourd’hui les grandes institutions internationales (OMC, FMI…) malgré ses limites. Selon cette théorie, même en l’absence d’avantage absolu, un pays a toujours intérêt à s’ouvrir au commerce international.

 

Ci-dessous une petite vidéo pédagogique pour en savoir plus sur la théorie de l'avantage comparatif :

 

Le nouveau maillot de l'équipe de France

 

Nike est devenue l'archétype de l'entreprise qui fait fabriquer en Thaïlande son nouveau maillot, pour ensuite le réimporter sur le sol français. Le différentiel de coût salarial n'est certainement pas étranger à cela, ce qui montre au passage comment les multinationales redessinent la géographie économique au gré des délocalisations :

 

 

[ Source : https://asialyst.com ]

 

Bien entendu, histoire de justifier le prix très élevé du maillot vendu en France, Nike a mis en place une stratégie d'attente prolongée voire de pénurie le tout mâtiné de spots publicitaires au ras des pâquerettes, afin de créer un raz-de-marée c'est-à-dire rendre la demande hystérique. Même des gens réputés intelligents ont choisi délibérément de voler en dessous de l'horizon de la décence :

 

 

Résultat des courses, l'ancien maillot est devenu un collector et le nouveau est annoncé à 140 euros pièce, ce qui, nous en conviendrons, fait vraiment très cher l'étoile supplémentaire ! Et ce d'autant plus que selon l’ONG Éthique sur l’étiquette, le coût de fabrication du maillot revient à... 3 euros !

 

 

[ Source :  https://www.sportbuzzbusiness.fr ]

 

Bien entendu, face à de tels prix de vente au consommateur final, le marché de la contrefaçon de maillots tourne à plein régime en Asie, et pour quelques euros le touriste peu regardant sur la qualité du produit peut rentrer chez lui en arborant fièrement une couleur bleu dégradée pour peu qu'il ne se fasse pas arrêter aux douanes...

 

En complément cette carte intéressante, qui montre les zones de production et de transit des produits contrefaits dans le monde :

 

 

[ Source : La Dépêche ]

 

Je ne pouvais finir ce billet sans rappeler que ceux qui s'offusquent à juste titre de l'évasion fiscale (voir mon billet) des multinationales et des ménages très riches, sont parfois les mêmes à se taire lorsqu'il s'agit de football business... Quant aux communicants de Nike, ils n'ont pas hésité à sortir l'artillerie lourde en matière publicitaire pour nous survendre une prétendue unité retrouvée de la nation après la victoire des Bleus :

Renan doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait défini la nation en des termes choisis et pesés lors de sa conférence prononcée le 11 mars 1882 à la Sorbonne : "une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis."

 

Qui osera en outre rappeler que cette compétition sportive à plusieurs milliards de dollars n'est au fond rien d'autre qu'un grand divertissement, forme plus ou moins évoluée (souvent moins que plus...) des jeux de cirque romains ? Celle-ci offre ainsi l'occasion aux gouvernants de contenir pour un temps la colère de la turba, qui a abdiqué sa raison devant ces ludi circenses.

 

Et maintenant que les jeux sont finis, la dure réalité se rappelle à nous et le cirque politico-économique peut reprendre, entre coupes dans les aides sociales, scandale d'État avec l'affaire Benalla et massacre du Code du travail ! Mais combien seront-ils à se mobiliser pour ces enjeux essentiels de notre vie (de citoyen) ?

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commentaires

A
TRES BIEN ET TELLEMENT VRAI.<br /> <br /> Je vous envoie un projet de pétition appelant au boycott, que j'ai rédigé il y a 48 h.
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