Il y a quelque temps, j'avais donné une conférence à l'UPT de Forbach intitulée Qui paiera la dette après la crise de la covid-19 ?. Il me semblait en effet que la question était suffisamment importante pour figurer en bonne place dans la campagne des élections présidentielles. Qu'on en juge : le taux d'endettement public en France devrait atteindre 114 % du PIB en 2022, contre 115,6 % en 2021, et il est question d'un cantonnement de la dette liée à la covid-19 ! Et pourtant, les candidats (du moins ceux déclarés) ne semblent pas se presser d'aborder ce point...
Bref état des lieux au sein de l'UE
Voici le niveau atteint par la dette publique au sein de l'UE :
[ Source : Eurostat ]
Beaucoup plus intéressant, son évolution sur un an :
[ Source : Eurostat ]
Par rapport au deuxième trimestre 2020, 24 États membres ont enregistré une hausse de leur taux d'endettement public et 3 une baisse...
La dette publique de la France
En ce qui concerne la France, l'évolution de la dette publique est la suivante :
[ Source : Insee ]
La dynamique de la dette publique
Fondamentalement, la dynamique de la dette publique dépend de son niveau et du différentiel (taux d'intérêt réel - taux de croissance). Et c'est peu dire que les dernières années, les États ont pu profiter de la politique ultra-expansionniste menée par la BCE :
[ Source : Natixis ]
Celle-ci s'est traduite par une baisse des taux d'intérêt à long terme sur la dette publique et en tout état de cause une croissance (même très faible) supérieure aux taux d'intérêt, rendant supportables même des niveaux d'endettements publics très élevés comme en Italie. D'où la crainte de voir l'inflation ressurgir, ce qui pourrait contraindre la BCE à remonter ses taux et donc alourdir par ricochet le poids des dettes publiques...
Il n’existe a priori aucun seuil d’endettement maximum, la soutenabilité de la dette publique dépendant autant de facteurs économico-financiers (taux d’intérêt, taux de croissance, dépendance aux capitaux étrangers…) que de facteurs plus difficiles à appréhender (stabilité gouvernementale, effet d’annonce…). Ce n'est cependant pas une raison pour faire n'importe quoi, d'autant que l'endettement public s'accompagne d'effets redistributifs trop souvent négligés dans le débat ou résumés de manière simpliste à des transferts entre générations.
Cartographie des programmes présidentiels
Certes, l'on ne connaît pas encore tous les candidats - même si certains font beaucoup de battage médiatique en leur qualité de non candidat -, mais pour ceux qui se sont déjà déclarés, l'on dispose de premiers éléments sur leur vision de la dette publique et de la fiscalité. Cette vidéo de Xerfi Canal résume bien les tendances :
D'une certaine façon, cette absence de débat sérieux (et non idéologique) autour des sujets d'intérêt commun témoigne de la montée de l'individualisme et de l'insignifiance au sein de notre société. Ce qui n'augure en général rien de bon...