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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 11:39

Chute-des-prix.jpg

Pendant que le gouvernement se lance dans une remise à plat de toute la fiscalité du pays (voir mon précédent billet à ce sujet), l'attention s'est détournée d'un grand danger qui menace la zone euro : la déflation. Pourtant, par certains aspects, la déflation peut être bien pire que l'inflation, d'autant que l'on ne dispose pas de beaucoup de moyens pour lutter contre ce phénomène...

 

Mon billet est un peu long, mais il me semble utile au vu de la situation. C'est pourquoi, j'ai également décidé de traiter ce sujet lors de ma prochaine leçon d'initiation à l'économie à Forbach, cours grand public auquel il est toujours encore possible de s'inscrire pour le 1er ou le 2e semestre.

 

Commençons par quelques rappels préliminaires.

 

Qu'est-ce que l'inflation ?

 

L'inflation est une augmentation générale et durable des prix, que l'on évalue en utilisant l'indice des prix à la consommation (IPC). Il est cependant à noter que cet indice néglige certains aspects du phénomène inflationniste, l'inflation couvrant un champ plus large que celui de la consommation des ménages. Néanmoins, c'est l'IPC qui est utilisé pour indexer de nombreux contrats privés et le SMIC.

 

Le phénomène contraire de l'inflation est la déflation, c'est-à-dire une diminution générale et durable des prix (certains parlent également d'inflation négative). Au reste, il ne faut pas confondre la déflation avec la désinflation, qui est un ralentissement du rythme de l'inflation.

 

Quelle est la situation actuelle sur le front de l'inflation ?

 

Selon l'INSEE, en octobre 2013, l’indice des prix à la consommation (IPC) en France a baissé de 0,1 %, soit une hausse d'à peine 0,6 % sur un an. Hors tabac, l’IPC baisse également de 0,1 % en octobre 2013 et croît de 0,5 % sur un an. L’indice d'inflation sous-jacente (ISJ) progresse de 0,7 % sur un an.

 

Glissements annuels de l'indice des prix à la consommation (IPC) et de l'inflation sous-jacente (ISJ)

Inflation-octobre-2013.png

[ Source : INSEE  - indice des prix à la consommation ]

 

Rappelons que l'indice d'inflation sous-jacente (ISJ) traduit l'évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l'offre et de la demande, puisqu'il exclut les prix soumis à l'intervention de l'État (électricité, tabac, gaz,...) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes,...

 

Au niveau de la zone euro, la situation est sensiblement la même :

 

CPI-zone-euro.jpg

 

[ Source : Natixis ]

 

Au reste, l’inflation anticipée sur les marchés financiers (appelée swap d'inflation) est elle aussi en baisse pour la zone euro. Cette situation de recul prononcé de l'inflation résulte tout à la fois du niveau élevé du chômage, du faible niveau du taux d’utilisation des capacités de production et de toutes les politiques d'austérité qui ont contribué à faire reculer salaires et coût salariaux dans la zone euro.

   

L'inflation est-elle un danger ?

 

Dans l'inconscient collectif, toute hausse des prix est toujours vue comme mauvaise et réciproquement. Il suffit en effet de penser à l'hyperinflation au Zimbabwe pour comprendre les dangers d'une inflation non maîtrisée :


 * les épargnants à taux fixe voient leur épargne grignotée par l'inflation

 

 * les salariés qui n’ont pas de clause d’indexation de leur salaire perdent du pouvoir d'achat. 

 

 * la structure des prix relatifs est perturbée. Cela se traduit en pratique par des incertitudes sur le signal envoyé au client par le prix : si les prix varient 3 fois par jour au gré des hausses de prix, comment savoir si ce que je paye vaut vraiment cette somme ? Cela finira à terme par bloquer toute transaction.

 

 *en cas de taux de change fixe de la monnaie, un taux d’inflation plus élevé que les partenaires commerciaux provoque une perte de compétitivité du pays.

 

Est-ce à dire que la déflation serait préférable ?

 

Ce recul de l’inflation, s'il permet en effet de redonner provisoirement un peu de pouvoir d'achat aux ménages, fait malheureusement aussi monter les taux d’intérêt réels à long terme de la zone euro. Les taux d'intérêt réels deviennent alors supérieurs à la croissance en volume de la zone euro, ce qui alourdit l'endettement - notamment public - et réduit encore un peu plus l'activité en Europe :

 croissance-taux-interet.jpg

 

[ Source : Natixis ]

 

Si l'inflation devait carrément devenir négative, la situation serait encore pire. En effet, la déflation est un grand danger, puisque sous couvert de n'être dans l'opinion publique qu'une simple baisse des prix, elle conduit en fait à un alourdissement de l'endettement réel, qui mène à l'augmentation des défauts d'emprunteurs et à des faillites bancaires. De plus, les consommateurs préfèrent différer leurs achats en espérant que leur pouvoir d'achat augmentera encore un peu plus. Ce mécanisme déflationniste est à l'oeuvre au japon depuis la fin des années 1990, d'où la possibilité d'en étudier les graves conséquences...

 

Mais couplée à une réduction de l'offre de crédit et à des faillites d'entreprises, la déflation devient aussi auto-entretenue et plonge alors un pays dans une crise durable - à l'échelle de la zone euro ce serait une dépression ! -, dont il devient difficile de sortir par des politiques économiques et monétaires conventionnelles...

 

Spirale-deflation.jpg

 

[ Source : Rue89 ]

 

Pour l'instant, techniquement nous ne sommes pas en déflation au sein de la zone euro puisque l'inflation reste positive. Néanmoins, certains économistes font remarquer à juste titre que lorsque les taux nominaux ne suivent pas la baisse des prix, comme c'est le cas actuellement dans la zone euro, alors l'économie est déjà entrée en déflation.

 

Que font les Banques centrales ?

 

La plupart des Banques centrales ont pour objectif (pas forcément unique du reste) la stabilité des prix. C'est le cas de la Banque centrale européenne (BCE), qui traduit cela par l'objectif chiffré suivant : maintenir l'inflation au-dessous, mais à un niveau proche, de 2 %, sur le moyen terme.

 

Ainsi, les Banques centrales ont appris à durcir très vite la politique monétaire au moindre signe d'inflation anticipée - dans le jargon économique, on parle de politique monétaire préemptive -, afin d'éviter de devoir mener une politique monétaire très restrictive (forte hausse des taux d’intérêt) qui risque de conduire à une récession. C'est ce que montre le graphique ci-dessous où l'on voit le taux directeur de la BCE (taux repo) et le taux d'inflation (CPI) :

 

politique-preemptive.jpg

[ Source : Natixis ]

 

En revanche, la BCE n'a que très peu réagi, c'est un euphémisme, à la baisse marquée de l'inflation depuis mi-2012. Au contraire, elle a laissé la base monétaire de la zone euro se contracter et l’euro s’apprécier :

 

Taux de change euro-dollar

 

Euro-dollar-novembre-2013.jpg

[ Source : Bloomberg ]

 

Or ceci, en plus d'être défavorable aux exportateurs, conduit également à une baisse de l'inflation en raison de la baisse du prix des importations...

 

Faire remonter les anticipations d'inflation, et dans un deuxième temps l'inflation elle-même, va donc devenir difficile surtout que les marges sur les taux directeurs de la BCE sont devenues très faibles, le taux principal étant déjà à 0,25 %. C'est d'ailleurs en baissant ce taux de 0,25 points, que la BCE a explicitement fait comprendre qu'elle prenait toute la mesure du risque déflationniste.

 

Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? Certes, mais avec un crédit bancaire qui ne redémarre pas dans la zone euro, une baisse des taux ne risque pas de se transmettre à l'économie réelle. Pour augmenter les anticipations inflationnistes, il ne restera donc plus à la BCE que des politiques monétaires non conventionnelles (quantitative easing, taux directeurs négatifs, etc.), mais là elle risque fort de se heurter frontalement au mur du refus allemand...

 

N.B : l'image de billet provient du blog alsacalor

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