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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 12:26

 

 

Après mes analyses longues et étayées de la situation en Grèce (ici et notamment), je me devais d'écrire encore un bref billet sur le "plan d'aide" à la Grèce. En effet, en écoutant un peu les discussions autour de moi, il m'a semblé que certaines personnes s'imaginaient vraiment que la Grèce avait été sauvée par l'Eurogroupe !

 

Outre que cela est profondément faux, comme le savent mes lecteurs, cette affirmation porte en elle quelque chose de pernicieux, puisqu'elle laisse penser que l'argent injecté en contrepartie d'un surplus d'austérité est LA seule solution pour relancer une économie.

 

Me vient alors immédiatement à l'esprit le célèbre slogan TINA ("There is no alternative", en français "Il n'y a pas d'autre choix") de Margaret Thatcher, dont Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du droit à l’alimentation dans le monde, disait qu'au-delà du slogan il s'agit bien d'un totalitarisme.

 

Une petite vidéo de 4min45 a été réalisée par Le Monde pour rendre compte de la situation des ménages grecs, car figurez-vous qu'en dehors des questions macroéconomiques, il existe des humains au niveau microéconomique, n'en déplaise aux technocrates de la troïka. La voici :

 


L'impact de la crise en Grèce expliqué en patates par lemondefr

 

Au reste, même le très libéral FMI commence à s'inquiéter de la situation socio-économique (politique ?) du pays, puisqu'il ne souhaite plus s'engager à court terme, du moins tant que l'Eurogroupe n'aura pas accepté l'idée d'une restructuration substantielle de la dette publique grecque, dont voici la dynamique insoutenable :

 

[ Source : Natixis ]

 

Répétons-le, car cela ne semble toujours pas compris par les politiques : la Grèce est insolvable et un nouveau plan d'aide, comprenez prêts, ne fera qu'aggraver la situation ! Voici du reste le résumé de ce 3e plan :

 

 

[ Source : Le Dauphine ]

 

Pour le dire plus précisément, la Grèce n'a plus accès aux marchés financiers et se retrouve donc dans l'incapacité d'emprunter pour rouler sa dette. Dès, lors, la troïka se condamne à refinancer perpétuellement la Grèce par de nouveaux prêts, ce qui est inepte sur le plan économique... mais très rusé sur le plan financier puisqu'ainsi les créanciers touchent les intérêts de leurs prêts ! Pour le dire simplement, on aide les Grecs à nous rembourser avec notre argent...

 

En fin de compte, la grande illusion sur la soutenabilité de la dette publique se poursuit, et c'est la grande saignée que les institutions européennes continuent à prescrire au malade ! Le résultat est déjà prévisible : effondrement de l'activité qui n'existe déjà quasiment plus, hausse du taux d'endettement public, nouvelles mesures d'austérité correctives pour tenir les objectifs de la Troïka, etc.

 

Quant à ceux qui n'ont que le mot réforme à la bouche, faut-il leur rappeler que la Grèce a déjà fait d'énormes efforts ? En particulier, si l'on regarde l'indicateur de l'excédent budgétaire primaire, c'est-à-dire le solde entre dépenses et recettes de l'État, avant paiement des intérêts à verser sur la dette publique, on peut alors montrer que la Grèce a suivi les recommandations de la troïka au point même d'arriver à dégager un excédent budgétaire primaire structurel.

 

Cela signifie que le pays dégage suffisamment de ressources pour se désendetter. Mais eu égard au niveau stratosphérique atteint par la dette publique, il faudra plusieurs générations à ce rythme pour réussir à la ramener à moins de 100 % du PIB  ! Et encore, on suppose ici que tout le surplus serait affecté uniquement au remboursement de la dette, c'est-à-dire que le gouvernement grec ne garderait rien pour le peuple...

 

Et faut-il rappeler que ces réformes ont été menées en moins de 5 ans, alors qu'en général les réformes prennent beaucoup de temps ? Ceux qui attendent encore plus de réformes de la Grèce - certains évoquent même des changements de mentalités, sans comprendre qu'ils prennent plusieurs générations - avant de restructurer sa dette publique, ne comprennent pas que le peuple se sera révolté bien avant que des solutions crédibles lui soient proposées !

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commentaires

M
Sans être le moins du monde spécialiste de ces questions au demeurant complexes, je pense que l'on va reparler de la Grèce avant peu...Et qu'on en arrivera à une solution qu'on aurait dû avoir le courage d'appliquer...En faisant aussi preuve de solidarité avec le peuple grecque ce qui n'était sûrement pas incompatible...Quand on veut on peut non ???
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R
Il est tout à fait évident, à mon sens, que le problème grec n'est pas réglé et qu'il faudra donc remettre l'ouvrage sur le métier. Mais en raison des conditions exigées par les créanciers pour que la Grèce reste dans la zone euro et de la tournure des dernières négociations, je crains fort qu'on s'achemine vers une implosion (explosion ?) politique du pays. Mais vous avez raison d'affirmer qu'en politique, lorsqu'on veut on peut ! Mais le gouvernement allemand en a-t-il la volonté ? telle est la question...
D
Il tient en un mot : Bravo !<br /> Et vous, tenez bon !
Répondre
R
Merci !

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