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16 avril 2020 4 16 /04 /avril /2020 12:38

 

 

Le confinement historique de la moitié de l'humanité semble être un moment propice à la réflexion. D'aucuns se prennent ainsi à rêver des linéaments du monde post-crise du coronavirus, où la politique ne se ferait plus à la corbeille, où l'économie serait à nouveau au service de l'Homme et pas l'inverse... D'après les dernières déclarations d'Emmanuel Macron, l'exécutif ne semble guère y avoir réfléchi à moins que cela ne cache une décision pour l'instant inexprimable : retour au business as usual ?

 

Les plans de soutien à l'économie

 

Face aux conséquences économiques et sociales de la crise du coronavirus, les États multiplient les annonces de plans de soutien, à l'instar des Banques centrales :

 

 

[ Source : Boursorama.com ]

 

Les types de reprises

 

La reprise économique peut prendre différentes formes résumées par les graphiques ci-dessous (il ne s'agit pas d'une échelle Monoyer) :

 

 

Les deux premières formes sont celles qu'espèrent les gouvernements : une chute impressionnante du PIB suivi d'une reprise plus ou moins rapide de la croissance. Pour peu probables qu'ils soient, ces scénarios laissent surtout à penser qu'une fois le PIB revenu à son niveau d'avant la crise, les problèmes seront réglés (business as usual).

 

Mais rien n'est plus faux ! Le corps social français était déjà en passe de se disloquer en raison des inégalités croissantes, de la hausse de la pauvreté et de l'individualisme érigé comme vertu, d'autant que tout avait été fait depuis des années pour dissoudre les notions de peuple et de souveraineté dans un grand fatras appelé société civile. C'est l’archipel français de Jérôme Fourquet...

 

Pourtant, durant ce mois de confinement, Emmanuel Macron aura été contraint de manger son chapeau à plusieurs reprises : d'abord en avouant le rôle capital de l'État-nation, puis en se félicitant de l'État social - qu'il a pourtant contribué à détruire - et enfin en reconnaissant toute l'importance des sans-grade et des derniers de cordée dans la "société française", ce qui achève de démontrer que rien n'ira mieux si le modèle de la start-up nation reste en vigueur ! Quant à la classe moyenne que le gouvernement aime à citer, j'avais expliqué dans ce billet qu'il est bien difficile de la définir, même si deux  tiers  des personnes vivant dans les pays de l’OCDE se  considèrent  comme  y appartenant...

 

Revenons-en aux deux autres scénarios, qui sont en quelque sorte la version noire : une chute du PIB sans reprise à court ou moyen termes. En soi, cela ne doit pas nous effrayer si un tel scénario va de pair avec un changement de paradigme, qui détrônerait la croissance du PIB de son piédestal. Car pour faire société, nous avons plus besoin d'indicateurs humains qu'économiques. À quoi bon des gains de productivité à deux chiffres, s'ils sont obtenus au prix d'un mal-être croissant au travail ? À quoi bon des profits en hausse dans les entreprises, s'ils ne servent qu'à enrichir des investisseurs peu soucieux du fonctionnement de ladite entreprise ?

 

Une crise est pourtant l’occasion de se poser des questions et de changer tout à la fois nos modes de production, nos modes de vie et avant tout nos façons de penser. Il faut décoloniser l'imaginaire pour imaginer le monde d'après ! Et cela, seul l'ensemble des citoyens peut le faire en République, car les dirigeants politiques et économiques seuls n'auront aucun intérêt à remettre en cause ce système qui les a portés au pouvoir...

 

Un retour à l'Ancien Monde ?

 

Mais à bien y regarder, les plans mis en œuvre dans les diverses régions du monde ont plus une dimension économique que sociale, en ce qu'il s'agit surtout de sauver le système économique existant sans poser les bases d'un autre monde. Et les récentes déclarations de nos gouvernants ne font que confirmer ce constat :

 

 * il faut sauver les "grandes entreprises stratégiques" selon Bruno le Maire, ce qui est une excellente idée pour peu qu'on leur assigne également l'obligation de préparer au plus vite une transition vers un nouveau modèle (réduction du poids de la finance, prise en compte des aspects humains et écologiques, etc.) ; hélas rien de tout cela ne figure au programme...

 

 * il faudra "faire des efforts pour réduire la dette publique" selon Bruno le Maire, ce qui revient à dire que l'aide apportée aujourd'hui sera remboursée au prix d'une grande austérité demain ; bref, le même scénario catastrophique qu'après la crise de 2009... Pourtant, j'avais expliqué dans ce billet tout l'intérêt à utiliser l'impôt et la dette publique actuellement.

 

 * il faudra "un effort budgétaire rigoureux avec des dépenses publiques enfin plus sélectives" selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, ce qui confirme bien les propos du ministre français de l'Économie, à savoir de l'argent aujourd'hui pour sauver le système économique qui fonctionne pourtant si mal, mais au prix d'une austérité demain.

 

 * il est "totalement impensable" d'annuler les dettes publiques contractées pour faire face à la crise du coronavirus selon Christine Lagarde, directrice générale du FMI ; c'est la preuve qu'il est impossible pour les dirigeants économiques et politiques de penser un autre monde que celui qui les a portés au pouvoir...

 

 * il faudra "travailler un peu plus pour sortir de la crise" selon le patron du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux... Voilà l'idée-type du vieux monde, travailler plus pour gagner (au choix moins, autant, plus, "selon que vous serez puissant ou misérable [...]").

 

Lorsque l'imaginaire des dirigeants économiques et politiques (qui sont souvent les mêmes hélas...) est encore autant colonisé par l'idéologie néolibérale et le totem du grand marché mondial autorégulateur, on ne peut que craindre le pire. Certes, cette épidémie aura au moins servi à montrer la faiblesse de la segmentation mondiale à l'extrême du processus productif. Mais cela suffira-t-il à remettre en cause cette mondialisation (malheureuse) ? Antonio Gramsci nous avait prévenus : "le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres" ! Et quand on pense que Gramsci est désormais cité même par ceux qui pratiquent des politiques hégémoniques au sens gramscien du terme...

 

En définitive, même si je partage totalement le constat d'un indispensable changement de paradigme économique,  je crains hélas fort que nos espoirs ne soient que chimères, tant les intérêts égoïstes d'une minorité demeurent puissants. À moins que les citoyens, abusés désabusés depuis des années et trahis par les élites politiques, ne réclament enfin des comptes au gouvernement par toutes les voies...

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commentaires

F
Comme toujours, agréable à lire et compréhensible...à part un mot ou deux (où est mon dico ?). Merci Raphaël.
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R
Merci Francis !

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