Dans mon article sur l'inflation, j'avais montré combien ce phénomène provoque l'hystérie des possédants, alors qu'ils ne sont pas les plus à plaindre. Je voudrais aujourd'hui revenir brièvement sur l'augmentation globale des richesses, que les gouvernements voient un peu trop vite comme le signe d'une reprise forte de l'économie.
L’augmentation globale des richesses
Comme le fait Patrick Artus, nous appelons ici richesse la somme de la monnaie M2, des bons du Trésor, des certificats de dépôt, des billets de trésorerie et certificats de dépôts, de la valeur de marché des obligations, de la capitalisation boursière, de la richesse immobilière. Le graphique ci-dessous montre que cette richesse globale rapportée au PIB augmente tendanciellement dans l'OCDE :
[ Source : Natixis ]
Et les politiques monétaires ultra-expansionnistes menées par les Banques centrales ne peuvent qu'alimenter cette tendance, en ce qu'elles réduisent (artificiellement) les primes de risque et les taux d'intérêt et poussent ainsi les investisseurs à envahir certaines classes d'actifs, d'où une hausse des cours soutenant la richesse.
Économie en berne
Dans une certaine vision de l'économie, d'aucuns s'attendaient à ce que la hausse des richesses s'accompagne d'effets favorables à l'économie : hausse de la consommation et hausse de l'investissement. Or, globalement, il n'en a rien été. En d'autres termes, la richesse totale augmente au moment où l'économie est au plus mal :
* l'investissement (ici des ménages) n'en profite pas ;
[ Source : Natixis ]
* les prévisions de croissance sont en berne dans la plupart des pays ;
[ Source : FMI ]
* les inégalités de patrimoine s'aggravent, les uns possédant des actifs financiers et immobiliers qui prennent de la valeur, les autres ne possédant quasiment rien à faire fructifier ; ci-dessous, la situation en France en 2018 ;
[ Source : Insee ]
* le sort de l'immense majorité des personnes ne s'améliore pas, d'où une déstructuration sociale et politique (crise n'est pas le bon mot, car le phénomène s'amplifie...) ; seuls quelques politiques se persuadent encore que le reliquat d'onction démocratique obtenue aux élections leur assure une véritable légitimité ; le peu d'intérêt suscité par l’élection présidentielle en France en est du reste un symptôme manifeste.
Bref, la hausse des richesses est loin de s'accompagner de la prospérité pour tous ! Elle n'est pas seulement le signe d'une économie malade, mais d'une société qui s'effondre...
P.S. L'image de ce billet provient de cet article de l'Union.