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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 11:06

 

 

Dans mon dernier billet de l'année 2015, je rappelais que la Chine s'enfonce de plus en plus dans une grave crise, que j'avais par ailleurs analysée dans une chronique sur Radio Jerico mi-septembre. Et les nombreuses suspensions de séance depuis quelques jours ne sont du reste que les prémices de ce qui risque d'arriver en 2016...

 

La situation économique en Chine

 

Dans le cadre d'un billet du mois d'août 2015, j'avais réalisé et publié une petite vidéo pour y consigner quelques éléments importants à comprendre sur la crise en Chine. Vous noterez que, pour ne pas rendre la vidéo trop longue, je me suis abstenu d'évoquer à nouveau le surendettement, pour me concentrer sur les autres aspects de cette crise multidimensionnelle, notamment les conséquences de la dépréciation du renminbi.

 


La crise en Chine par Economiste57

 

Quant à ceux qui croient - et certains de mes étudiants en font encore hélas partie ! - que le taux de croissance de la Chine est de 7 %, il devient urgent de comprendre que cela n'est pas possible et que le taux est plus proche de 2,5-3 %... Pour s'en convaincre, il suffit de regarder le recul de la production d’électricité, la chute du fret ferroviaire ou la faiblesse des importations.

 

Toute la question est donc de savoir si le rééquilibrage des composantes de la croissance chinoise se fera en douceur ou à l'arraché (hard landing comme on dit dans le jargon économique). Un début de réponse vient de nous être fourni.

 

D'un krach boursier à l'autre

 

Au mois de juillet 2015, on avait assisté à un retournement spectaculaire du cours des actions sur les marchés chinois, avec une chute moyenne de près de 30 %. Cette chute impressionnante des cours en trois semaines était le résultat des ventes massives d'actions, dues à plusieurs facteurs :

 

 * des doutes sur la poursuite d'une politique monétaire expansionniste. En effet, le gouvernement avait considérablement assoupli sa politique monétaire suite au ralentissement sensible de l'activité dans le pays, ralentissement dont les signes sont déjà visibles sur les exportations chinoises, la production industrielle (en berne) et le prix des matières premières dans le monde (en baisse).

 

 * après avoir encouragé le financement par les marchés financiers (décloisonnement entre les marchés de Hong Kong et de Shanghai, relâchement des conditions d'investissement des sociétés d'assurance, etc.), les autorités chinoises, qui espéraient ainsi que les entreprises nationales puissent obtenir plus de fonds propres et relancer leur activité en berne, ont décidé de juguler la spéculation. Pour ce faire, le régulateur chinois a décidé de durcir les conditions de recours aux opérations sur marge, c'est-à-dire pour faire simple les achats d'actions par endettement. Effet de levier, quand tu nous tiens !

 

 * comme je l'ai déjà expliqué sur mon blog, l'immobilier en Chine est une énorme bulle, qui va exploser très prochainement, d'autant que les prix de l'immobilier ont déjà commencé à baisser. Les investisseurs se sont alors décalés du marché immobilier à celui des actions, soutenus en cela par les taux d'intérêt bas.

 

 * lorsque les investisseurs voient l'indice taper le sommet symbolique de 5 000 points, ils souhaitent réaliser leurs profits. N'oublions pas qu'en Chine, investir en Bourse est un véritable sport national (on évoque souvent 80 % d'investisseurs individuels sur les valeurs cotées en catégorie A !), que les ménages pratiquent volontiers même à crédit... D'où près d'un quart des actions qui s'échangent au moyen d'emprunts contractés par des particuliers, ce qui n'est pas sans rappeler la situation qui prévalait aux États-Unis en 1929 !

 

Dès lors, lorsqu'une mauvaise nouvelle ou une contrainte supplémentaire vient faire douter les investisseurs du potentiel de croissance supplémentaire du marché, certains se mettent à revendre leurs titres, rapidement suivis par de très nombreux autres qui suivent mimétiquement le mouvement : c'est ce qu'on appelle précisément une panique boursière !

 

Les autorités chinoises avaient alors pris tout une série de mesures pour tenter d'enrayer la chute des cours, dont l'interdiction pour les investisseurs étrangers de vendre à découvert dans la catégorie A, l'interdiction pour les investisseurs qui possèdent plus de 5 % dans des sociétés chinoises cotées de vendre leurs titres pendant six mois, et la mise en place d'un coupe-circuit automatique pour empêcher les cours de dégringoler (dès que la baisse des cours atteint 5 %, la cotation est suspendue).

 

Et c'est justement ces interdictions qui devaient prendre fin, d'où la résurgence de doutes quant à la solidité des marchés financiers chinois et un nouveau décrochage du marché des actions... Et ce d'autant plus que de nombreux investisseurs ont décidé de vendre par anticipation leurs titres dès le début de la semaine, ce qui a conduit les autorités à leur interdire de vendre plus de 1 % d'une société tous les trois mois.

 

Mais le décrochage boursier résulte également de facteurs liés à l'économie réelle, comme l'annonce d'un nouveau recul de l'indice de l'activité manufacturière (PMI) et une dépréciation du renminbi (voir ci-dessous). Bref, en Chine les problèmes économiques, financiers, sociaux et politiques se conjuguent !

 

Le danger d'une dépréciation du renminbi

 

Tout d'abord, pour éviter toute confusion, rappelons que le yuan est l'unité de compte et le renminbi la monnaie réelle. Jeudi 7 janvier, la Chine annonçait que le renminbi avait été dévalué, à son plus bas niveau face au dollar depuis 4 ans. D'aucuns ne manqueront pas de se demander pourquoi j'emploie indifféremment les mots dévaluation et dépréciation. C'est parce qu'en Chine, les choses sont de moins en moins claires à ce sujet.

 

En effet, le renminbi est autorisé à fluctuer quotidiennement face au dollar autour d'un taux-pivot, dans un tunnel de plus ou moins 2 %. Et c'est ce taux-pivot qui a été plusieurs fois abaissé depuis 2015. De plus, la Chine a modifié sa façon de calculer ce taux-pivot, qui sera désormais fixé en fonction du taux de clôture sur le marché des changes la veille, et donc partiellement en fonction de l'offre et de la demande... Bref, on ne sait plus trop s'il faut parler de dévaluation ou de dépréciation !

 

Quoi qu'il en soit, la monnaie chinoise ne répond absolument pas aux conditions habituelles de flottement pour être intégrée dans le panier de DTS du FMI. Et pourtant, le renminbi y a fait une entrée triomphale au mois de décembre 2015 ! Politique, quand tu nous tiens...

 

Cette dévaluation du renminbi est une réponse à la perte de compétitivité-coût de la Chine et au recul des exportations et de l'investissement. Bref, quand on est à court d'idées, pour éviter la panique économique, on revient aux anciennes méthodes. Malheureusement, dévaluer le renminbi est loin d'être une bonne solution, car elle a les effets suivants :

 

 * elle décourage la montée en gamme des entreprises ;

 

 * elle compromet l'indispensable rééquilibrage des composantes de la croissance dont j'ai parlé plus haut, puisque cela nécessite d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages et les termes de l'échange ;

 

 * elle risque d'amplifier les sorties de capitaux, qui conduisent à une baisse des réserves de change comme je l'avais expliqué dans ce billet ;

 

 * les entreprises étrangères qui exportent vers la Chine seront pénalisées, car la valeur en devises de leurs ventes en Chine baissera ;

 

 * le corollaire du point précédent est un recul des marchés boursiers ;

 

 * la dévaluation du renminbi exporte la déflation chinoise au monde entier, car les prix des produits chinois à l’étranger baissent ;

 

 * le seul point positif est que, au vu de l’élasticité-prix très élevée des exportations en volume de la Chine, une dévaluation du renminbi améliorera les exportations et, toutes choses égales par ailleurs, la balance commerciale de la Chine.

 

En définitive, la Chine risque fort de s'enfoncer encore un peu plus dans la crise et c'est toute l'économie mondiale qui en pâtira !

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