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28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 10:59

 

 

Après mon billet où je présentais les problèmes de la monnaie unique et m'interrogeais sur une possible sortie de la zone euro, je vais aujourd'hui revenir sur la crise grecque. Non pas pour vous refaire tout le film, car il est disponible un peu partout et en particulier sur mon blog (billet 1, billet 2, billet 3, billet 4), mais pour vous montrer le chemin parcouru et l'impasse dans laquelle les Européens s'embourbent volontairement...

 

Petits rappels sur le mauvais diagnostic en Grèce

 

Pour le dire simplement, l'ex-Troïka (BCE + FMI + UE) soignait depuis 2010 un problème de liquidité en lieu et place d'un problème de solvabilité. À la différence de la crise de liquidité où l'emprunteur peut payer ses dettes mais ne trouve temporairement pas de prêteur, la crise de solvabilité concerne l'emprunteur qui ne peut pas rembourser ses dettes.

 

En 2010, la Grèce doublait ainsi son insolvabilité externe (plus de 10 % de déficit courant et 140 % du PIB de dettes nettes extérieures en 2011) d'une insolvabilité budgétaire (plus de 9 % du PIB de déficit public et 160 % du PIB de dettes publiques en 2011). Pour le dire autrement, la Grèce ne pouvait faire face ni à son endettement vis-à-vis des pays étrangers ni à son endettement public !

 

À mauvais diagnostic des créanciers, mauvais remède appliqué au malade grec ! Dès lors, pour répondre aux injonctions de la Troïka (BCE + FMI + UE) et obtenir le déblocage des prêts, le précédent gouvernement grec s'est vu contraint de multiplier les politiques d'austérité : réduction drastique des salaires et des retraites, coupes claires dans les dépenses des ministères et dans les aides sociales, privatisations des entreprises publiques.

 

Las, comme toujours avec de pareilles thérapies de choc, on assista à une formidable explosion du chômage, de la précarité, de la pauvreté et tout simplement de la misère. Mais les conséquences désastreuses de cette politique d'austérité (dévaluation interne ?) étaient vues comme de simples effets indésirables à court terme, qui céderaient rapidement le pas à la croissance et à la compétitivité à l'export.

 

Et aujourd'hui ?

 

Disons-le d'emblée : jamais un pays européen n'aura adopté autant de mesures d'austérité en si peu de temps ! Et le résultat, si on en juge à l'aune des critères retenus par les créanciers (compétitivité-coût et solde public), est probant :

 

 

[ Source : Natixis ]

 

 

[ Source : Natixis ]

 

Le seul hic est que ce faisant la Grèce a également coupé dans des dépenses publiques indispensables à la survie d'une nation (santé, éducation, etc.) et amputé son avenir en laissant caler tous les moteurs de la croissance potentielle. Je ne vois donc pas très bien quelles nouvelles mesures de réduction des dépenses le gouvernement grec pourrait encore prendre, d'autant qu'il est prévu un mécanisme de coupe automatique... À moins d'appliquer un principe bien connu des shadoks, suivant lequel il faut toujours poursuivre une politique qui ne marche pas, car plus ça rate plus on a de chances que ça marche ! D'autant que malgré tout, le taux d'endettement public reste insoutenable :

 

 

[ Source : Natixis ]

 

Dès lors, comme je l'écrivais déjà dans mes billets en 2015, à chaque échéance sur la dette le psychodrame reprend de plus belle. Et comme il lui faut trouver 7 milliards d'euros pour cet été et que des échéances de ce type il y en aura encore pour un demi-siècle, c'est une litanie de papiers que l'on pourra à ce rythme écrire sur la Grèce !

 

 

[ Source  : Greece’s Public Debt Management Agency ]

 

Le pire est que les Européens se discréditent à un point jamais connu dans l'histoire, en ce qu'ils ont créé en Grèce une pyramide de Ponzi où les nouveaux prêts servent à remboursement les échéances des anciens ! Et ce ne sont pas les réductions de taux d'intérêt ou les allongements de maturité consentis qui changeront quelque chose : la dette est insoutenable, c'est même le FMI qui le répète à tire-larigot !

 

Que faire alors ?

 

Soulever la question, c'est y répondre en partie : il est impossible d'éviter l'annulation d'une part substantielle de la dette publique du pays. Après, tout l'enjeu sera d'utiliser cette bouffée d'oxygène pour remettre le pays à flot et lutter contre l'état de délabrement social. C'est à ce prix, cette fois-ci pour les créanciers, que la Grèce pourra espérer une reprise de l'investissement, de l'activité et partant une hausse des rentrées fiscales sans matraquage sur les rares ménages de la classe moyenne encore capables d'honorer leur contribution.

 

Cela passera par des incitations fiscales et autres subventions européennes (BEI...) seules à même d'attirer les investisseurs sérieux dans le pays et non les spéculateurs voraces qui ont déjà mangé la laine sur le dos du mouton lors des privatisations. Le tout est de bien identifier les avantages comparatifs de la Grèce, c'est-à-dire ses points forts (tourisme, services aux entreprises, énergie solaire, etc.), tant les politiques économiques menées depuis la crise ont détruit de capacités de production (industrie en berne, construction en déclin, etc.). Avec pour garde-fou de ne pas transformer le pays en micro-paradis fiscal comme Chypre...

 

Mais à défaut de bon sens, censé être la chose la mieux partagée sur terre mais dont les Européens semblent s'être départis puisqu'ils réclament toujours plus d'austérité à la Grèce, un gouvernement  finira tôt ou tard par examiner la possibilité d'une sortie de la zone euro, quitte à devoir en payer le prix fort...

 

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commentaires

R
je vis sur place depuis 15 ans..au debut je pensais comme vous.. les mauvais europeens..mais plus maintenant..<br /> <br /> si les europeens sont aussi dur cest qu ils ont compris ce quest letat grec.. un panier perce. incontrolable
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