Alea jacta est : cette fois les dés sont jetés ! Le gouvernement vient en effet d'annoncer les principaux points de sa réforme des retraites, qui ont provoqué l'ire des syndicats. Ces derniers viennent d'ailleurs d'appeler à un front uni contre cette réforme avec une première mobilisation unitaire le 19 janvier. Mais que contient ce projet de loi ? Était-il indispensable de mener cette réforme maintenant ? Quels sont les principaux arguments des uns et des autres ?
Le projet de loi sur les retraites
Voici les principaux points de la réforme des retraites :
[ Source : France Bleu ]
La principale annonce est donc le report progressif de l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans (ligne rouge à ne pas franchir pour la CFDT), accompagné d'une accélération de l’allongement de durée de cotisation issue de la réforme Touraine de 2014.
Le calendrier de la réforme
Le projet de loi prévoir une mise en œuvre de la réforme dès septembre 2023, mais la phase de discussion au Parlement pourrait fort bien être écourtée par un nouvel usage de l'article 49-3...
[ Source : lafinancepourtous.com ]
Quels sont les principaux arguments du gouvernement ?
Voici un état des lieux du système de retraite par répartition français :
[ Source : La Dépêche ]
Cette réforme a été présentée comme indispensable par le gouvernement, pour des raisons résumées dans le schéma ci-dessous :
Les arguments des uns et des autres
Il ne s'agit pas là de faire une revue de littérature complète, mais juste de donner à mes lecteurs quelques liens s'ils souhaitent approfondir les arguments des uns et des autres. J'avais déjà expliqué dans ce billet qu'il n'y avait pas urgence à mener la énième réforme paramétrique, car d'après le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), le système est loin d'être en faillite financière.
Et s'il s'agissait tout simplement de réduire les dépenses publiques, programme idéologique sur lequel j'ai souvent écrit (par exemple ici) ? C'est peut-être ainsi qu'il faut comprendre cette phrase du PLF 2023 : "les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise de l’évolution des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites, la réforme de l’assurance chômage favorisant le plein emploi et la maîtrise des dépenses de santé (la progression de l’ONDAM s’établira à +2,7 % sur 2024-2025 puis 2,6 % sur 2026-2027)". Henri Sterdyniak, membre des Économistes atterrés, le pense aussi et explique dans une tribune au Monde que cette réforme risque d’augmenter le nombre de chômeurs et de bénéficiaires d’allocation (ASS, RSA).
Nicolas Bouzou évoque quant à lui la nécessité d'une réforme des retraites pour faire des économies, afin de dégager des marges financières pour d'autres aides. Gilbert Cette et Élie Cohen, approuvent également cette réforme, qu'ils trouvent d'ailleurs modeste en comparaison de ce qui a été fait chez nos visons européens ; Marc Touati leur emboîte le pas ; Jean Viard estime que les Français ont compris qu'ils devaient travailler plus longtemps et que la mobilisation sera plutôt faible.
Dans le camp d'en face, Jean-Marie Harribey évoque les sept perfidies de la réforme des retraites 2023 sur le site d'Attac ; Daniel Cohen considérait déjà, il y a quelques mois, que la réforme n'était pas indispensable ; Antoine Bozio tempère un peu les conséquences de ce projet de loi par rapport à celui envisagé il y a quelques mois. Et Michaël Zemmour apporte, selon moi, des réponses précises et pertinentes aux arguments soulevés par le gouvernement :
De l'art de la palinodie en politique
Pour finir, ne boudons pas notre plaisir devant cette courte vidéo dans laquelle Emmanuel Macron expliquait qu'il ne toucherait pas à l'âge légal de départ à la retraite. Il est vrai que la crise des gilets jaunes et le vrai-faux (dé-)ballage national avaient eu raison des velléités de réforme des retraites en ce temps-là...
P.S. L'image de ce billet provient de cet article de France Info.