Après avoir commencé avec le mouvement des gilets jaunes et le grand déba(llage) national, l'année 2019 s'est achevée sur une contestation massive de la réforme des retraites et de nombreux mouvements de grève. C'est que malgré l'ampleur de la crise sociale et politique, le gouvernement s'enferre délibérément dans une stratégie néolibérale proche de celle décrite par Walter Lippmann, qui assume la substitution de l'expertocratie à la démocratie. L'année 2020 va dès lors commencer sous de mauvais auspices en France...
Mais revenons un instant encore sur l'année 2019, riche en événements économiques et sociaux, d'où mes nombreuses analyses dont vous trouverez les liens dans le tableau ci-dessous. Pour finir ce billet, je vous proposerai comme chaque année quelques éléments de prospective, exercice hautement périlleux en économie...
Retour sur l'année 2019
Commençons donc par un petit retour en arrière sur mes billets de l'année 2019. Tous les liens sont actifs, il vous suffira donc de cliquer sur le billet de votre choix pour le lire ou le relire, c'est selon !
Et en 2020 ?
Selon les prévisions de la Banque mondiale, confirmées par quasiment toutes les institutions qui font de la prospective, la croissance mondiale devrait fléchir :
[ Source : Banque mondiale ]
La zone euro n’échappera pas à l'atonie de l'activité, la Commission européenne évoquant même "une route qui s'annonce difficile" dans ses prévisions économiques de l'automne 2019 :
[ Source : Commission européenne ]
En tout état de cause, la faiblesse des compétences de la population active ainsi que son vieillissement, la désindustrialisation, l'insuffisance d'investissement dans les technologies pèsent lourdement sur la croissance potentielle de la zone euro. L'Allemagne, en particulier, va connaître des jours difficiles dans l'industrie, car les facteurs favorables au mitan des années 2000 à son économie tournée vers les exportations sont devenus des faiblesses structurelles une décennie plus tard. Quant à l'économie française, n'en déplaise à Emmanuel Macron, elle vivote malgré sa poudre de perlimpinpin qui aura juste servi à soutenir quelque peu les chiffres de l'activité à très court terme...
On pourra m'objecter à juste titre que la croissance n'est pas le meilleur indicateur de bonne santé d'une économie, mais sa stagnation (ou son recul) a le mérite de montrer l'énorme danger qui pèse sur des économies droguées à la hausse du PIB... Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes : nous n’assistons pas à un simple ralentissement économique, mais à une remise en cause profonde d'un système économique qui a fait des questions sociales un simple corollaire des choix économiques ! Hélas, outre le gouvernement, de nombreux décideurs économiques n'ont toujours pas compris les enjeux actuels et s'évertuent dès lors à proposer des rustines pour prolonger encore un peu ce système, dont une infime minorité profite au détriment d'une majorité trop longtemps restée silencieuse.
D'aucuns prétendent, horresco referens, que la baisse du taux de chômage est tout de même bien une preuve que l'économie repart, en particulier en France. Pourtant, comme je ne cesse de le répéter à mes étudiants, commenter l'évolution du taux de chômage sans dire un mot sur le taux d'activité, le chômage de long terme et la qualité des emplois, n'est que logorrhée. Dans les conditions actuelles de fonctionnement du "marché du travail", j'avais montré dans ce billet que le plein-emploi est loin de se confondre avec un taux de chômage très bas, surtout si ce dernier est obtenu au prix d'une austérité salariale (avec hausse du nombre de travailleurs pauvres), d'une dégradation des conditions de travail et d'une perte de sens...
Quant au monde financier - actuellement dopé par les taux d'intérêt historiquement faibles qui démontrent au passage que l'économie européenne est en déflation -, il porte en lui les germes de la prochaine crise d'ampleur. En effet, les taux d'intérêt ne représentent aujourd'hui plus rien de concrets, en tout cas pas le risque réel des actifs, ce qui conduit à la formation de bulles et à une prise de risque accrue des investisseurs. Et je ne parle même pas des créances douteuses qui grèvent les bilans bancaires... En ce qui concerne l'endettement, public certes mais aussi et surtout privé, il atteint des niveaux extrêmement dangereux un peu partout dans le monde sans que cela n'émeuve plus personne... La Chine est d'ailleurs l'archétype du pays qui cumule endettement massif, crise économique, bulle immobilière et tout un tas d'autres problèmes qui pourraient créer une onde de choc mondiale...
Enfin, n'oublions pas que nous ne sommes jamais à l'abri d'un cygne noir, tant les fragilités économiques et sociales sont nombreuses...
Sur ce, je tiens à vous remercier chers lecteurs pour votre fidélité et vous prie de recevoir mes meilleurs vœux (l’indispensable santé en premier) pour cette année 2020 ! Merci pour vos commentaires, partages, liens et encouragements, qui me touchent et m'incitent à continuer mes analyses sur ce blog malgré le temps qui me fait cruellement défaut...