Le moins que l'on puisse dire est que l'année 2016 fut riche en événements et rebondissements. Qu'on en juge : Brexit non anticipé par les marchés pourtant réputés mieux informés que nous autres mortels, élection de Donald Trump, crise bancaire en Italie et démission de Matteo Renzi, etc. D'où les nombreux billets que j'ai écrits, parfois très détaillés, afin de vous présenter une analyse circonstanciée.
Retour sur l'année 2016
Commençons donc par un petit retour en arrière sur mes billets de l'année 2016. Tous les liens sont actifs, il vous suffira donc de cliquer sur le billet de votre choix pour le lire ou le relire, c'est selon !
Les grands mécanismes de l'économie en clair - 2e édition
En 2016, j'ai fait paraître la 2e édition de mon livre Les grands mécanismes de l'économie en clair aux éditions Ellipses.
Ce livre a pour modeste ambition d'apprendre au lecteur, en peu de pages, le fonctionnement de l’économie. Tous les concepts sont présentés de manière abordable, illustrés d’exemples et de schémas. En neuf chapitres, il le guidera ainsi dans les méandres de l’économie et lui apprendra à en décrypter le jargon. Et afin de faire de ce livre un outil pratique que l’on peut consulter lorsque l’on cherche un point précis, on y trouvera également un index des principaux termes employés et un glossaire.
Cette deuxième édition fut l’occasion de reprendre entièrement le texte et de réécrire certains chapitres, pour les rendre encore plus abordables et tenir compte des développements les plus récents sur ces questions. Des schémas simples ont également été ajoutés pour permettre au lecteur de mieux comprendre les mécanismes économiques les plus complexes. Au reste, trois nouveaux chapitres ont fait leur entrée : dépense et dette publiques, la mondialisation, la crise. C’est donc une édition entièrement revue, remaniée et augmentée que le lecteur aura entre les mains.
Et l'année 2017 dans la zone euro ?
Tout d'abord, le célèbre alignement des planètes en Europe (Euro faible, pétrole bas et taux d'intérêt au plancher) dont j'avais beaucoup parlé l'année dernière, n'est hélas plus d'actualité pour 2017 ! En effet, les prix du pétrole sont en train de remonter, sous la double contrainte du recul de l’investissement dans le secteur et du récent accord entre l’OPEP et la Russie pour limiter la production alors que la demande augmente. L'inflation, qui devrait probablement atteindre 2 % fin 2017 ou début 2018, ferait ainsi son grand retour essentiellement par le canal des prix du pétrole, ce que l'on appelle de l'inflation importée.
2 % d'inflation ? C'est précisément l'objectif de la BCE, qui se verrait par conséquent dans l’obligation de rendre sa politique monétaire plus restrictive et partant de mettre un terme à son quantitative easing prolongé il y a peu jusqu’en décembre 2017. Rappelons au passage que cet assouplissement quantitatif aura certes réussi à faire baisser les taux d'intérêt à long terme, parfois sous la barre du zéro, mais sans financer pour autant l'économie réelle... Bien entendu, la hausse de l’inflation importée réduirait les salaires réels plutôt déjà mal en point dans la zone euro, ce qui pèserait inévitablement sur la demande des ménages d’autant que les conditions de crédit sont devenues plus drastiques.
En outre, avec l’augmentation des taux à court terme et l’arrêt des rachats d’obligations publiques par la BCE, on peut s'attendre à une hausse des taux à long terme. Dès lors, sans hausse conjointe de la croissance, le risque est grand d'assister à un freinage de l’investissement et surtout à une dégradation substantielle de la solvabilité des emprunteurs, à commencer par les États dont certains ne doivent leur salut temporaire qu’à l’intervention de la BCE. Oserai-je dès lors jouer les Cassandre et rappeler que dans ces conditions le retour d’une crise de la zone euro n’est pas une simple vue de l'esprit ?
D'aucuns oublient d'ailleurs que malgré les pseudo-bonnes nouvelles sur l'État de la Grèce et les promesses d'arracheur de dents faites par l'Eurogroup sur l'épineuse question de la restructuration de son insoutenable dette publique, la situation en Grèce est désespérée. Quant à l'Italie, qui est tout même un bien plus gros morceau économique que la Grèce, le moins que l'on puisse dire est que son futur proche en 2017 n'est pas rose, puisque le taux d’intérêt à long terme dans le pays est déjà supérieur à la croissance nominale, ce qui alourdit la charge de la dette publique. Et quant à l’Union bancaire, dont j'avais expliqué le fonctionnement dans ce billet, il me semble qu'elle était censée éviter le renflouement des banques en faillite par les États, n'est-ce pas ? Et bien, c'est encore manqué ou plus exactement c'est touché coulé, puisque l’État italien va devoir injecter 6 milliards de fonds publics pour sauver la banque Monte dei Paschi di Siena...
Heureusement, en France à défaut de compétition footballistique, nous serons assaillis d'images du tournoi électoral entre qui semble faire le plein autant de candidats que d'électeurs. Panem et circenses disaient les anciens... Mais quand finiront-ils les uns dans l'arène et les autres dans les tribunes par comprendre que la crise est aujourd'hui plurielle et qu'il est ainsi illusoire de vouloir résoudre la crise économique si le cadre politique européen est défaillant ? De plus, c'est peu dire que je reste dubitatif sur les orientations économiques des vingt dernières années, qui oscillent entre retour à une chimérique société de consommation de masse type années 1970 et la recherche d'une cauchemardesque société ultralibérale (ubérisée pour utiliser le vocabulaire du temps...).
Après la loi El Khomri (horresco referens), et une croissance en 2016 mi-figue mi-raisin, je crains le pire avec le prochain gouvernement qui, pour se démarquer des précédents, se sentira obligé d'aller encore plus loin dans la mise en oeuvre de mauvaises solutions au risque de détruire le modèle social français. Il est vrai que la dernière marotte consiste désormais à suivre tous les mois la baisse du chômage qui est arrivée trop tard, bon moyen de faire oublier tous les autres problèmes et scandales comme les football leaks, vous savez les révélations de Mediapart sur les innombrables contrats, arrangements, primes et autres gratifications qui démontrent que le football de haut niveau est devenu une véritable industrie du fric (vous en doutiez ?) en quête de cieux fiscaux cléments pour échapper à la contribution commune.
Vous noterez par ailleurs qu'après la bulle politico-médiatique de l'écologie (pardon, développement durable ça s'entend mieux) durant laquelle les politiques n'avaient de cesse de parler publiquement du climat à tous crins, nous sommes revenus aujourd'hui à des sujets beaucoup moins colorés comme la baisse des dépenses publiques ou le trou de la Sécurité sociale (dont je parlerai dans un prochain billet).
Tous ces succédanés de programmes économiques permettent surtout à des politiques, pas toujours aussi idiots que certains en ont l'air, de donner l'illusion de détenir encore les leviers du changement (économique, mais pas seulement), alors même que la potestas appartient depuis longtemps à Bruxelles - avec le résultat que l'on sait - tandis que l'auctoritas est hélas entre les mains des histrions du petit écran, qui font et défont les réputations au gré d'émissions de grande audience.
Sur ce, je tiens à remercier chers lecteurs pour votre fidélité et vous prie d'accepter, malgré le marasme actuel, mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2017 ! Merci pour vos commentaires, liens et encouragements qui me touchent et me poussent à continuer mes analyses sur ce blog...