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Publié par Raphaël DIDIER




Jeudi 4 décembre, notre omniprésident annonçait un plan de relance de 26 milliards d'euros. Mais à y regarder de plus près, on n'y voit que peu de choses nouvelles en réalité puisqu'une grande part de ce plan est constitué de dépenses déjà plus ou moins engagées. La plupart des idées avancées ont déjà été testées durant les 25 dernières années ! Certes il y a les 10,5 milliards d'euros d'investissements publics (remarquez au passage que Nicolas Sarkozy applique désormais une politique de relance keynésienne, lui qui voyait, il y a encore peu, en celle-ci un moyen inefficace d'action publique...). Ils se répartissent de la manière suivante : la dépense sera en partie budgétaire - 6,5 milliards investis par l'Etat et les collectivités locales - tandis que 4 milliards d'euros, investis par les entreprises publiques, n'apparaîtront pas dans les déficits. S'y ajoutent 4 autres milliards consacrés aux chômeurs, aux plus démunis, ainsi qu'à deux secteurs en crise : le BTP et l'automobile.

Vous comprenez immédiatement qu'avec des sommes aussi peu importantes, il sera difficile de mener une politique de grands travaux. D'ailleurs, certains parlementaires ont plus ou moins déjà tempéré cette idée en parlant notamment de "politique de travaux" plutôt que de "politique de grands travaux"... A tel point que même Jacques Attali (l'oracle de l'économie) anticipe un deuxième plan de relance vers février 2009 ! Beaucoup d'économistes pensent que le plan annoncé ne servira au final qu'à amortir un peu la chute, mais qu'il ne permettra probablement pas une relance. En effet, lorsque la crise est mondiale, la relance se doit d'être au moins européenne - et sur ce plan la coopération franco-allemande est un échec patent - et surtout, elle nécessite des fonds conséquents que la France aura du mal à obtenir au vu de sa faible marge de manoeuvre budgétaire.

Mais ce qui me dérange le plus, c'est que les ménages ont pour ainsi dire été les moins bien lotis dans ce saupoudrage de fonds publics. En effet, on parle d'une prime de 200 euros pour les 3,8 millions de foyers éligibles au RSA, soit un coût de 760 millions d'euros. Moitié moins que la rallonge obtenue cet été par le haut-commissaire aux solidarités actives. Relancer l'offre est une très bonne chose, mais il faut également que les revenus augmentent du côté de la demande ! Il y a également le doublement des prêts à taux zéro. Mais l'efficacité d'une telle mesure dépendra en grande partie de la capacité des ménages à contracter des crédits. Quand je pense finalement au mal qu'a eu ce gouvernement à trouver la somme de 1,3 milliards d'euros qui manquait à Martin Hirsch pour financer le RSA, et quand je vois trois mois plus tard les montants que l'on arrive lever, je me dis que cela ne relève plus de l'économie mais de l'idéologie... Et ce qui fait déborder le vase, c'est lorsque je lis qu'un amendement au projet de loi de finance a été proposé par le sénateur Philippe Marini, permettant aux boursicoteurs ayant investi moins de 25 000 euros en Bourse, la possibilité de déduire jusqu'à 10 700 euros de moins-values boursières de leur déclaration de revenus 2009 : les perdants en Bourse deviennent ainsi les gagnants sur les impôts !

Pour finir, je vous propose une video présentant l'analyse de Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, et un article d'Elie Cohen qui commente le plan de relance (à chaud...).



Une relance nécessaire mais pas suffisante
envoyé par LJALTERECO


N.B : je n'ai par contre plus retrouvé l'interview donnée par Daniel Cohen, mais je vous en donne l'idée principale car elle me semble très pertinente : Daniel Cohen estime que la plupart des plans de relance interviennent systématiquement à contretemps car ils sont mis en oeuvre quand tout commence à aller mieux. Il préconise donc un peu plus de modestie permettant d'obtenir des effets très rapidement perceptibles. Il terminait son article en rappelant que, même dans ce cas, il n'y a pas de garantie de réussite...
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