Où en est l'économie française ?
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Après de vrais/faux débats sans fin sur le déficit public et la dette, qui se sont soldés par le départ de François Bayrou, voilà que l'on remet une pièce dans le juke-box avec Sébastien Lecornu. Je dirai même deux, car après s'être auto-dissous lundi dernier, le même a été renommé vendredi soir, ce qui a permis à la presse internationale de s'en donner à cœur joie sur la France. Il est vrai que le spectacle, en plus d'être risible, démontre une absence totale de sens politique ou tout simplement de bon sens, puisque les uns renomment les autres, qui eux-mêmes détestent en vérité les premiers, mais leur apportent un soutien du bout des lèvres tant ils redoutent d'être balayés de la carte politique en cas de nouvelle élection. Et l'économie française dans tout cela ? Et les citoyens ?
Croissance
Contrairement à la petite musique que l'on entend beaucoup dans le monde des affaires, ce n'est pas la crise politique (crise de régime ?) qui est à l'origine des maux économiques, car ceux-ci sont visibles depuis un moment et résultent avant tout de faiblesses structurelles entretenues, hélas, par des politiques nationales et européennes incapables de soutenir l'activité, alors même que les entreprises font face à une déferlante de produits étrangers (États-Unis et Chine pour n'en citer que deux). En revanche, il est vrai que les problèmes de l'économie française ont été amplifiés par les errements politiques.
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[ Source : Insee ]
Le graphique montre du reste que les composantes de la demande interne (consommation et investissement) restent en berne, malgré la politique de l'offre menée depuis 8 ans. L'économie française faisait face à un problème d'investissement privé avant Macron et c'est toujours le cas à la fin de ces deux quinquennats. Pis, la productivité (travail et capital) est en berne et ampute donc la croissance potentielle, les salaires ne sont pas reluisants partout et notre commerce international subit les foudres de Trump et la concurrence chinoise...
Déficit public
Disons-le d'emblée, les tractations sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites et autres palabres de marchand de tapis ne sont pas de nature à permettre un débat serein sur les finances publiques. Et encore moins de réduire le déficit ! D'ailleurs, le projet de budget du gouvernement (quel gouvernement au fait ?) transmis par le Premier ministre au Conseil d’État et au Haut Conseil des finances publiques est une curieuse ébauche, qui reprend les grandes lignes du projet de loi de finances (PLF) de François Bayrou tout en cherchant à en lisser les points rugueux pour tenter de complaire à toutes les formations politiques.
Exit la suppression de deux jours fériés, reconduction de la contribution différentielle sur les hauts revenus et de la surtaxe sur les grandes entreprises, probables mesures contre l'optimisation fiscale, année blanche (gel des barèmes de l'impôt sur le revenu et de la CSG), mais avec des mesures pour les couples touchants un peu plus que le SMIC (et pas exactement le SMIC comme le moine-soldat l'avait dit, par erreur ou méconnaissance), rabotage de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et des niches fiscales, révision des seuils de franchise de TVA pour les autoentrepreneurs, etc.
Cible espérée : 4,7 % du PIB de déficit public. Cible probable : plus de 5 % du PIB. Pas de quoi rassurer nos partenaires européens.
Dans mon article sur la dette publique, je proposais d'employer à bon escient le temps qui restait jusqu'aux élections présidentielles pour mener, à l'image de ce qu'ont fait la Suède et le Canada dans les années 1990, un véritable débat transpartisan sur le périmètre de l'action publique (dépenses publiques) et les moyens à lui allouer (prélèvements obligatoires, dont impôts). Hélas, les institutions de la Ve République font du président un pilier - un "monarque républicain" diront les mauvaises langues - qui, en pratique, ne peut gouverner sans majorité à l'Assemblée nationale.
Ce qui reste de "socle commun" ne peut à l'évidence suffire à constituer une telle majorité, surtout si cela signifie pour ses membres renier certaines réformes ou orientations politiques, reniements dont ils devront rendre compte à leurs militants et électeurs. Ne pas participer au gouvernement tout en déclarant le soutenir de loin - texte par texte - ne change rien au fond du problème. À moins de 6 moins des élections municipales et à 18 mois des présidentielles, s'afficher comme un soutien d’Emmanuel Macron dont la popularité est à désormais à la hauteur de celle de François Hollande en son temps est tout simplement suicidaire pour les formations politiques. Et comme de plus l'économie va mal (le tissu associatif aussi, le modèle social également...), l'on ne voit pas bien quel consensus pourrait sortir des débats parlementaires. Il me semble donc qu'une dissolution (démission ?) risque d'être un horizon pas si lointain, quitte à aggraver le problème économique en retour !
